Dans le Calvados à Isigny sur Mer
Cette année encore les féminines du CCLM ont quitté l’Ile de France.
Elles ont roulé sur les routes de la Manche et du Calvados, accompagnées de leur conjoint.
Ont participé à cette escapade : Thérèse et Sylvain, Monique et Patrick, Evelyne et Gilles, Marie Christine et Roland, Christine et Jack, Patricia, Marlène et Charles.
Isigny, 31 mai. La petite ville normande sort de sa torpeur au rythme des jeeps, motos et autres engins militaires conduits par des soldats plus vrais que nature dans leurs uniformes trop propres.
Ti -Ti-Ti-Taaaa. Les festivités du D-Day sont proches… Mais le Vrai débarquement du jour est ailleurs.
Ce sont sept féminines et six conjoints qui se retrouvent dans la cour de leur petit hôtel, venues d’ïle de France parcourir la région à pédales pendant deux jours. Tous contents de se retrouver pour cette traditionnelle sortie annuelle. Les embrassades et anecdotes vont bon train tout comme l’empressement à remiser les vélos pour aller ensuite prendre possession de ses quartiers.
Seule la météo boude notre plaisir ne manquant vraiment pas d’air en répandant sa fraîcheur et sa grisaille. De fait, une partie de la soirée sera consacrée à inverser les parcours sur les GPS pour être dans le bon vent…
De bien belles balades qui nous sont proposées, à la découverte du parc régional des marais du Cotentin et du Bessin.
Première sortie jeudi de nos 6 amazones escortées par Sylvain et Roland. Patricia est restée courageusement avec le groupe des hommes. Nous faisons le plein de sandwichs longs comme le bras chez une boulangère aux petits soins. La rumeur couve : « Houlàlà, je ne vais jamais pouvoir manger tout ça – ce soir je ne vais pas pouvoir dîner» …
Qu’à cela ne tienne : nous voilà partis pour 73km autour de Carentan, où d’ailleurs les gazettes locales prédisaient des manifestations contre la réforme des retraites. Et pourtant, manifester contre la retraite à Carentan… ça interroge.
Mais de tout cela nous n’avons rien vu, préférant quitter rapidement la route principale pour nous enfoncer dans le bocage et les marais. La route se rétrécit, fleurissant ses flancs de marguerites, digitales et autres ombellifères étirant leurs ombrelles délicates. Les prairies se déroulent en tapis verdoyants, mouchetés d’innombrables boutons d’or les mêmes que, gamines et gamins, nous placions sous nos mentons en demandant « Est-ce que tu aimes le beurre ? « Pas étonnant que les vaches s’y complaisent avec leurs robes en puzzles tachetés.
On s’enfonce vers l’estuaire du canal de Carentan. Une bande de jeunes chevaux (sans doute des anglo- normands n’est-ce pas…) viennent trotter à nos côtés, crinières au vent, comme pour nous narguer avec notre vitesse agréablement paresseuse, à moins que ce soit pour observer nos selles ridicules (henni soit qui mal…). La route se termine à la pointe du Brévands – la baie de Veys. Ce bout du monde est d’une désolante beauté, où l’océan, fatigué par ses vagues, vient s’échouer aux abords des marais, reflétant son gris perle sur l’ardoise du ciel. Pas de phoque à l’horizon. Il faudra revenir une autre fois.
Demi-tour donc vers l’intérieur. Traversée de Carentan où l’on perd momentanément Roland, disparu des radars un peu plus tôt pour cause de photos. Nous nous retrouverons finalement… devant l’église.
Un peu plus tard, il est temps de faire la pause à Tribéhou, commune emblématique de la construction des gabarres, florissantes sur les canaux manchots au 19ème siècle. On comprend mieux dès lors le nombre de « ports » qui jalonneront notre itinéraire, comme autant d’embarcadères où ces esquifs embarquaient et débarquaient leurs marchandises. Le vent et la fraîcheur nous font oublier la longueur de nos sandwichs, engloutis comme des cartouches.
Puis nous reprenons notre itinéraire et traversons bientôt St Jean-de Daye, et ses environs. L’occasion pour Thérèse de tourner et nous conter une à une les cartes postales de son enfance avec la complicité bienveillante de Sylvain. Des moments touchants et authentiques qui vous transportent dans la vie d’autrefois. Quelques kilomètres plus loin, nous sortirons temporairement de la trace pour aller à Saint Fromond. C’est sur les ruines du vieux château de la Rivière qu’une colonie de cigognes s’est établie depuis des lustres. On reste incrédule et béat devant ce ballet d’oiseaux qui se jouent du vent en de légers coups d’ailes à peine perceptibles.
Il est temps de rentrer car la batterie du vélo de Christine – qui participe pour la première fois – commence elle aussi à battre de l’aile. Heureusement, le reste du parcours est en faux-plat descendant et le vent nous pousse enfin un peu dans le dos. Nous arrivons finalement en même temps que ces Messieurs, qui ont eux aussi ont pris leur temps le midi autour d’une « moules-frites » en compagnie du régional de l’étape, Philippe Lorieux . Retrouvailles également au dîner du soir avec Bernadette et Christian venus partager nos impressions du jour.
Le lendemain, changement de cap avec un parcours plus historique, longeant en partie les plages du débarquement dont la tristement célèbre Omaha. Puis retour en passant par les parcs ostréicoles à Grandcamp-Maisy, où nous perdrons temporairement Patrick qui cherchera en solitaire une route imaginaire en cul-de sac….
Quatre C135 vont et viennent le long du littoral. Côté « hommes », la route est momentanément coupée sauf pour les cyclos, en prévision d’un largage de parachutistes. Avec des rafales à 60km/h ça a dû décoiffer. Même la cour de l’hôtel est investie de jeeps et d’une auto-mitrailleuse dont il ne reste que l’affut. Pas facile de manoeuvrer sous le porche… Il est temps de prendre notre dernier dîner avec force anecdotes (il y a même un qui a vu une vache accoucher ?) et de lever notre verre de pommeau à la santé de Marlène, au pédalage toujours aussi efficace, et de Charles, qui nous ont ravis par ce séjour trop court.
Rendez-vous est donc pris pour l’année prochaine tant nous avons aimé un peu, beaucoup, passionnément, et plus encore cette parenthèse. C’est sûr, une autre fois, « j’irai revoir ma Normandie ».
Notre aventure prend fin, laissant place à l’Histoire.